Andrée Chedid occupe une place de choix parmi les écrivaines francophones et françaises. Née en Egypte en 1929 et décédée en 2011 à Paris, mais elle est d'origine syro-libanaise. La romancière a une production littéraire prolifique. Elle est considérée comme une auteure charnière des cultures méditerranéennes. Son premier roman "Le Sommeil délivré" (1952) représente l'Egypte contemporaine, dans les années cinquante et la société égyptienne patriarcale. C'est un destin tragique d'une femme égyptienne copte, Samya, abandonnée par sa famille et considérée comme un fardeau. L'héroïne, 15 ans, est mariée contre son gré à un vieil homme qui frise la cinquantaine. Samya est livrée à la brutalité de son mari Boutros, despote, riche, propriétaire de terre, dans un village au bord du Nil dont l'épouse est la victime. Le titre du roman étudié "Le Sommeil délivré" révèle deux axes apparemment contradictoires: le sommeil et la délivrance. C'est le Sommeil dans lequel souffre toute la société tyrannique qui vit enfermée dans des traditions injustes, représentant le chef de la famille, les frères et le mari. Quant à la délivrance, c'est la libération de Samya et de toutes les jeunes filles des restrictions et de l'oppression, incarnant le meurtre de l'époux. Ce crime commis par l'héroïne est une étape prise de conscience, une sorte de réveil et une lueur d'espoir de libération Samya et de toutes les femmes opprimées. C'est un message aussi de l'écrivaine pour libérer les jeunes filles contre l'oppression, de se réveiller de leur sommeil et de s'ouvrir vers l'Autre.
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